"Les rumeurs, je m'assois dessus! C'est un coussin très confortable." (Alain Gillot-Pétré)
Sale temps pour une petite virée dans
l’œil du cyclone ? Whatever… Le baromètre de nos émotions est paré
pour un de ces voyages statiques sans réel commencement avec une ligne
d’horizon qui ne cesse de s’éloigner. Plus habituée à produire une IDM
intriquée sous son vrai patronyme, WHATEVER THE WEATHER est une sorte de side-project,
version ambient, de la britannique Loraine JAMES. Au gré de sa météo intime
elle pose ses valises et compose en s’accordant à la température ambiante. Si son
premier affichait un spectre glacial, WtW II s’oriente plutôt vers ce genre de
tonalité chaleureuses que l’on retrouve à l’aube, lors d’une courte marche
improvisée sur les marges d’un désert mental. On peut parler de vignettes
vagabondes, au gré des humeurs de Loraine JAMES toute occupée à les bricoler,
employant des techniques de collage, de collision ou de télescopage. On est
loin du drone, et des nappes éthérées débitées au kilomètre par les béotiens du
genre. Whatever the music, tant que l’on prend du plaisir à la dévoyer.
Car ce package atmosphérique 2.0 ne tient dans le casque circum auriculaire qu’une
fois bien ficelé, tant l’assemblage minutieux tient de l’hybridation de
laboratoire. Pas un morceau ne parvient à poursuivre son chemin apaisé sans ces
petites tentatives de sabotage sonore. Comme de petites extrasystoles
interstellaires ou autres capsules temporelles égarées dans notre espace-temps au
ralenti. Sorte d’ambient de confrontation qui brouille les pistes et fausse la
donne en surfant sur les époques. Tu t’allonges, là, à laisser couler le flow
continu sur tes oreilles bien pépouze, et whatever t’envoie ces petits clins d’œil
appuyés plein de glitch & bleeps tout droit sortis des années 2000 2.0. Quelques
échos rémanents et la touche de dub nécessaire pour liant. Et ces field-recordings
insidieux qui s’incrustent dans les compos comme ce vibreur de téléphone en
mode silencieux, sorte de reset sur notre époque parasitée par l’ivresse de la
vitesse digitale. Discrètement idiosyncratique, la musique de Loraine JAMES est
interstitielle et se veut surtout espiègle. Une qualité rare dans le pré carré
de la musique ambient… Et dans notre contemporanéité rongée par l’égo, la vanité
des choses et ce climat qui part en sucette. Whatever, fuck.
L'Un.
Whatever the Weather : "II" (GhostlyInternational. 2025)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire