A force de nous ressasser que le
rock est mort et bien froid depuis plus de 20 ans, on finit par le prendre pour
acquis. C’est vrai que depuis la démission de Jon Spencer flanqué de son BLUES
EXPLOSION qui était un peu le sommet fréquentable du truc, on avait perdu quelques
repères et pas mal de certitudes…
Pendant ce temps-là le storytelling ambiant nous vendait un dernier queenofthestoneage comme le truc ultime – et bien propret - dans l’aventure rock,
à l’image du flux continu et palot des productions contemporaines. Mais la Bête est toujours féconde, juste un peu reléguée
dans une seconde zone qui ne lui déplait pas. Il est toujours là le rock, un
peu punk certes. Le vrai, le gras, le velu, celui qui donne envie de se saouler
comme dirait un pote. Et que ce soit à la bière bon marché, au bourgogne ou au
mauvais bourbon, on va être servi avec ce STABBING JABS éponyme. Et dès la 1ère
écoute, c’est pas faux de penser qu’on a là une vague resucée de CHROME CRANKS
et son punk blues à la Crypt Records estampillé 90’s, vu que 2 des 4 gars de
STABBING JABS en sont issus. Bonne nouvelle, la voix de Peter AARON n’a pas
vraiment changé à toujours maltraiter de la sorte sa gorge et les membranes du
micro. D’ailleurs il y a comme du John Bannon dans ses hurlements : le
débat est ouvert, mais on se demande franchement s’il pourra tenir sur un 2ème
album. Alors on va pas se faire chier à balancer tous les poncifs sous la dent
avec cet art du riff consommé et cette morgue classieuse : ça sue et ça
saigne sous les néons blafards. La batterie est littéralement martelée histoire
de se frayer un chemin dans le rideau des guitares grasses. Entre ballades
empoissées comme Uptown Blues et des morceaux beaucoup plus frontaux et
incisifs comme Bad Slime ou Radiation Girl, on sent aussi des gros clins d’œil
au punk américain à la DEAD BOYS… Et au mètres-étalon Stoogien, bien
évidement. La production étonnamment
crade a ce petit effet madeleine de Proust que ne dénigreront pas les
nostalgiques d’un certain âge d’or du genre (je vous rassure : il y a pas
mal de genres et un âge d’or au moins à chaque décennies). Larsen sournois, distorsion
et chanson d’amour ratées, je ne pensais pas qu’il fallait attendre 2024 pour
renouer avec tous nos mauvais démons de vinyle… Go motherfucker, go…
L'Un.
STABBING JABS : "s/t" (BeastRecords. 2024)
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