« can you be homesick from a place you’ve never been ?"
On l’aime bien HAINBACH, avec sa
bouille ronde, l’accent anglais made in Germany et son goût immodéré pour des
pulls au design douteux. C’est le mec sympa et un peu old-school.
Réconfortant, dans la nébuleuse hystérisée YouTube, avec sa façon posée de vous
parler en vous fixant derrière ses lunettes professorales. Pas vraiment un
influenceur à nous parler de vieux synthés d’une autre époque croisés sur son
chemin et autres appareillages audio tout droit sortis de la guerre froide. Une
profonde envie de partager son art consommé du DIY et du bricolage analogique.
Le portrait type du passionné passionnant. Une pléthore d’albums qui sont un
peu le carnet de notes de ses recherches (et découvertes) sonores. C’est
souvent poétique, avec une patine grassement analogique. Parfois aride, à la
limite de la démonstration. Et son dernier opus est peut-être une merveilleuse
porte d’entrée pour un accès illimité dans son cabinet de curiosités
oscillantes. Peut-être par cette homogénéité liée aux contraintes de la
production : The One Who Runs Away Is the Ghost Soundtrack est une musique
de commande, B.O d’un film dont on devine les contours troublants et oniriques
avec le trailer : deux minots livrés à eux-mêmes et confrontés au spectacle
de l’atelier du monde, l’industrieuse Shenzhen. Point de dystopie : le
futur est bien là, avec ces gamins exposés aux radiations des signaux électriques et à la
solitude des bâtiments. La post-modernité se veut douce-amère et l’éclairage au
néon. Terrain idéal pour HAINBACH que ces errances flottantes propices à une
musique d’ambiances analogiques d’arrière-plan, laissant les enfants à leur
contemplations digitales. La musique est enveloppante, une certaine distance
sur les (petits) sujets, caresse bienveillante de bandes magnétiques triturées
dans d’infinies brumes d’échos…
L'Un.
HAINBACH : "The One Who Runs Away Is the Ghost Soundtrack" (SeilRecords. 2024)
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