"Aucune bête aussi féroce" (E. Bunker)
Pas vraiment une claque dans la
gueule, non. Mais une onde de choc, discrète, qui grandit en calquant son
rythme sur celui d’une houle de haute mer. Une petite claque sur les oreilles
quand même. Le trio parisien SALA BESTIA a opté pour une ligne claire, en se
débarrassant des artifices et autres oripeaux cache-misère des productions modernes
sous stéroïdes. Ce genre de son qui nous colle quelques
frissons à l’idée de reprendre l’aventure là où elle a dû s’arrêter il y a une
20taine d’années. Alors vous le voyez venir, le préfixe accolé à toutes les
sauces ? Encore un post- en somme. Certainement, oui, mais là, sur
cet album éponyme, il parvient à prendre tout son sens sans qu’on puisse
cependant réussir à mieux cerner l’objet. Alors va pour la ligne claire, le son
claquant que n’aurait peut-être pas renié ce vieux radar de Steve ALBINI (d'ailleurs, c'est un gars des PAPIER-TIGRE derrière la console, hein !). Avec ce
Plenty of Nothing on s’engouffre sur des terrains (post-, donc ?)
souvent balisés pour rapidement se perdre sur une simple rupture de rythme
matte et sèche. Un mode tension/relâche parfaitement maitrisé qui cache cette
envie d’en découdre. Sous cette limpidité syncopée, même les belles embardées
semblent feutrées et légèrement en retrait. L’électricité est pure. Ce choix
d'une ligne claire qui souligne d'autant mieux les tourbillons d'eaux fortes
qui parcourent les faux calmes de l'album. Au fil de leurs errances désabusées
on retrouve en embuscade ce même souffle lyrique qui habitait The EX (période
GW Sok). Tout en retenue donc (…). Ce même genre d’excitation à la découverte
de trucs comme DISAPPEARS par exemple, qui vous donne l’impression de taper
pile à côté de ses contemporains… Pour mieux coller à son époque : sèche,
complexe… Et bientôt sans artifices.
L'Un.
SALA BESTIA : "Plenty of Nothing" (auto-produit. 2024)
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