« There is nothing wrong with America that cannot be cured by what is right with America. »
(Bill Clinton)
Alors OK : à l’exception de quelques trucs probablement
trop arty comme Oxbow ou Disappears, et autres fulgurances restées sans suite
(Punch… Friendship…) il faut reconnaitre que le « rock » dans son périmètre
le plus vague et son expression la plus crue a rarement droit de cité dans ces
pages. Peut-être pour éviter de tourner en rond. Certes. Mais avec ce power trio
de teigneux, on va remettre les compteurs à 0 (ou 666) une bonne fois pour
toute. Parce qu’à part la pochette, ben y a rien d’arty chez Bummer (à
commencer par le nom…). Pas d’afféterie ou d’enrobage esthétique : on
avance en formation resserrée, sans effet de manche ou de pédale, les amplis à
fond les balloches. C’est Spinal Tap, avec les potards à 11, le cheveu gras,
mais sans tout le barnum qu’on associe à l’ordinaire… Le groupe est originaire
de Kansas City, une ville plutôt connue pour le bop (certes enragé) de Charlie
Parker, peut-être les fraques de Bill Clinton ; et c’est tout. Et leur
musique doit être le seul exutoire qu’un ado moyen peut trouver pour passer son
angst et l’ennui profond qui se dégage d’une ville du midwest américain.
Parce qu’avec des titres aussi gracieusement nommés que « I want to punch
Bruce Springsteen in the dick », on se dit qu’ils ont vraiment dû morfler,
à se taper la musique du Boss en boucles qui passait sur l’autoradio de la
berline familiale. Agression sonore rampante d’une constance obsessionnelle, à
pousser la beuglante autour d’une cavalcade de riffs vicieux sur une rythmique
de bucheron émasculé… Ca évoque un peu ce que Nirvana aurait pu produire dans
la foulée de leur séminal Bleach, si ce crétin de Curt Cobain n’avait pas
sombré dans le vaguement commercial et la guedro… D'ailleurs ça rappelle foutrement l'écurie SubPop des grands débuts, avec cette attitude à jeanfoutre à la Mudhoney ou ce look de Tad... Mais les gars de Bummer s’en
battent un peu la race de tout ça, tant qu’ils peuvent continuer à délivrer à
un monde qui court à sa perte leur tendre message pétri de frustration adipeuse, de rancœur
primale et de hargne brute. Et c’est pas chose si facile par les temps qui
courent.
L'Un.
BUMMER : "Dead Horse"
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