Un
peu de trad dans ce blog ; ça nous arrive de temps en temps, comme
certains artistes, de retourner vers les racines des musiques, là où le corps
dicte la composition. Fi d’appareillages superflus, l’attention est portée sur
les sensations à transmettre, dans le positionnement ultime qui est de produire
en ressentant, de jouer en vibrant ; bref de produire une musique vivante.
C’est
d’ailleurs le terme générique qui englobe maintenant un fatras innommable de
palpitations convulsives et désordonnées, par bonheur, ainsi que tout ce qui d’un
ordonnancement morne et fade, abreuvant les antennes radios, télévisées, câblées
et toilées !...suite sans saveurs de vomis stéréotypés pour de momentanées
jouissances dansefloriennes, dans le meilleures des cas.
Ici,
rien de tout cela : Hector Zazou, grand défricheur, musicien hors normes
depuis ses premiers essais dans le duo RNZ (à découvrir absolument, avec j. Racaille,
suite au groupe culte Barricade) a tracé son chemin dans des instrumentations
élaborées, sans jamais donner dans la prétention. Le propos est toujours
emprunt de sagesse même si la folie en est toujours imprégnée. L’homme se met
ici aux manettes de la production laissant la première expression aux
instrumentistes invités. Une dizaine de musiciens se succèdent ou s’entremêlent
pour exécuter les douces mélopées « zazous ». cela va des flûtes,
violons, harpes, slide guitares dans une expression ancestrale, savantes car
prenant le temps d’installer des ambiances, que vont marquer le oud, ou bien
des percussions indiennes ou moyenne orientales. On glisse doucement de vagues
éthérées en expressions lancinantes de lascives notes lointaines. Chose à
apprécier, il n’y a pas d’amoncellement de notes, d’attitudes performatives,
juste la minimale résonance de sentiments d’êtres reposés.
Et
bien mon Zazou dans tout ça ?
Il
compose et pare les morceaux de nappes électroniques à peine sensibles ;
une finesse exemplaire d'intervention. Il utilise des effets afin de montrer ce que la musique peut apporter de
sagesse à tout auditeur capable de recevoir ce que l’on souhaite lui insuffler.
« A quoi sert la musique si ce n’est à changer le monde ? »
disait il avant sa disparition en 2008. En effet la synthèse recherchée des
musiques d’époques différentes en un même temps nous irradie par sa charge
émotionnelle forte. Elle nous enivre pour peu que l’on se laisse aller ;
disque des moments de pause face au monde que l’on doit se faire absolument
pour rester debout, dans la tourmente…
On
conçoit tout à fait qu’il ait pu collaborer avec Harold Budd, précédement
chroniqué ici par exemple, tout comme Sakamoto ou Eno en écoutant cet album. Une
tendresse sous jacente, une limpidité de propos, une sensualité saisissante
sont les marques de cette magnifique collaboration, comparable à Material grand
millésime, "House of Mirrors" est le dernier album de ce grand musicien français. La rencontre est-ouest / nord-sud au sommet.
L’Autre
House of Mirrors, Crammed Disc, 2008
Ses
albums avec des extraits :
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