"Chance Meeting on a Dissecting Table of a Sewing Machine and an Umbrella" (Nurse With Wound)
-à créer le buzz.
-à nous surprendre précisément là où on ne l’attendait plus.
-à nous régaler (finalité de cet album au titre alimentaire ?).
Sorte de légende
urbaine soigneusement entretenue, certain.e.s (peu) connaissaient l’existence des
traces enregistrées de ce jam entre les 2 monstres sacrés en 98. La performance
était jouée dans l’institutionnelle Kunst-und Ausstellungshalle à Bonn
en introduction à une exposition d’art. Et avec quelques années d’avance sur ce
qui est maintenant une norme, la captation était diffusée en streaming, petite
prouesse technologique à une époque pré 2.0… Si on savait Brian ENO friand des
explorations de la scène allemande (ses collaborations avec CLUSTER…), rien ne
le reliait jusqu’à présent au gewaltig CAN. Les comparses étaient
accompagnés d’un certain Peter SCHWALM du groupe electro-jazz SLOP SHOP (et sa
section rythmique :Raoul Walton et Jem Atai) histoire de cimenter le tout. Mise
en place directe et fusion spontanée avec l’inaugural et rampant Sushi aux
sonorités organiques bien marquées. Si l’impro est une mayonnaise (pour filer la
métaphore alimentaire), les protagonistes ont dû l’assaisonner avec ce
qu’il faut de sable et de verre pilé pour plus d’adhérence. Si on cherche la
rencontre qui n’a jamais eu lieu entre CAN et une incarnation de Brian ENO, le
verre ne sera qu’à moitié plein, les codes musicaux et moyens
techniques utilisés collant résolument à l'époque contemporaine : il y a du sample, des triturations d’ondes, des
relents jazzy de drum&bass aussi. Même si parfois se dessinent des
échos de ce groove motorik à la Jaki LIEBZEIT, dans une ambient-tronica
avant-gardiste au signal soigneusement brouillé. De toutes façons Holger CZUKAY
a depuis longtemps largué les amarres nostalgiques de son collectif pour
expérimenter tous azimuts ; pour le meilleur comme pour le moins meilleur
d’ailleurs… De chouettes moments de flottements et d’égarements propre à cet
exercice ardu de l’improvisation qui savent nous capter, nous happer. Nous
ravir. Jusqu’à ce que la police débarque dans les lieux au bout de 3 heures
pour couper le son. A nous, il ne nous reste que ces miettes sonores inestimables
qui ont traversé le temps en loucedé. A l'orée d'un 21° siècle qui pointait son museau avec une musique immersive et très horizontale, il ne fait aucun doute que l'enregistrement de Sushi. Roti. Reibekuchen aurait pu être une référence du genre, s'il n'avait pas été soigneusement occulté...
L'Un.
Brian ENO & Holger CZUKAY "Sushi. Roti. Reibekuchen" (GroenlandRecords. 2024)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire