mercredi 1 septembre 2021

CAN : Live in Stuttgart 1975

 

A l’heure où des groupes monolithiques et vieillissants continuent de se repaitre sur le dos de la Bête déjà pas mal entamée avec des sorties et rééditions anecdotiques voire crapuleuses, la très rare parution d’un enregistrement de CAN, suscite toujours une attention particulière quand on sait que les allemands documentaient leurs frasques sonores de manière quasi systématique. Les brillantes Lost Tapes sorties de nulle part il y a une 10zaine d’année en sont une superbe illustration. A vrai dire, ces bandes là proviennent d’un fan qui enregistrait méticuleusement leurs concerts avec l’assentiment du groupe, et ce concert à Stuttgart est le dernier d’une longue tournée d’un groupe au mitan de sa carrière. Délesté du chanteur Damo Suzuki parti tutoyer le dieu des Témoins de Jéhovah, le CAN se recentre en quatuor d’instrumentistes affutés, à la pratique fusionnelle et exigeante. Parallèlement, l’inégal Landed (signé sur Virgin) est censé promettre au groupe une visibilité plus commerciale qui n’arrivera pas vraiment. Mais en concert, le collectif rejoue rarement deux fois le même morceau de la même manière, si encore il daigne jouer un morceau de son répertoire. Car là on part pour un looong jam introspectif, une de ces virées sans règle ni autre finalité avouée que de tricoter des fulgurances cosmiques nimbées d’un groove au tribalisme acharné. CAN ne ressemblait à rien alors, avec sa fusion avant l’heure de funk allemand progressif faussement dilettante. Longues dérives flippées qui partent d’un thème, d’une bribe de morceau vaguement identifiable (Landed par ici, peut-être Ege Bamyasi par là…). Improvisations dont le fil déroulé s’étiole vers des directions hasardeuses, des errances qui semblent s’attarder pour éclater en petites combustions sonores extatiques pour mieux retomber sur leurs pattes. Si chaque musicien est bien en place, les volutes d’Irmin Schmidt s’affrontant aux envolées de M. Karoli, la basse pulsatoire d’Holger Czukay, c’est ce tempo à la légèreté forcenée assénée par un Jaki Liebezeit métronomique qui ne cesse d’étonner. On tient là un des grands batteurs de cette époque…. Au final, l’ensemble peut s’avérer légèrement indigeste pour l’auditeur lambda de 2021. En effet malgré une qualité d’enregistrement largement au-dessus du simple témoignage sonore ou d’un bootleg opportuniste, un live de CAN ne restituera jamais l’intensité physique de leurs performances d’alors. Quand une petite minorité pourrait aussi regretter de ne pas retrouver les éléments qui pourraient rappeler le chef d’œuvre Tago Mago… Gageons qu’Irmin Schmidt (le dernier musicien encore en vie…) et sa compagne, sauront étancher notre curiosité avec la sortie de quelques autres sessions live de derrière les fagots.

 

L'Un

CAN Live in Stutgart 1975 (Spoon/Mute. 2021)

 

(Bonus : les Peel Sessions de CAN......)

 

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