« Don’t bring me flowers » - Godflesh.
«Il y a de la colère, dans ma musique. Quelque chose de sombre qui n’a pu être construit que dans cette ville. Je la hais profondément. Moi et ma femme ne rêvons que d’une chose: partir. On peut toujours rêver.» - Mick Harris
Là on colle au plus près du principe de masse bouclées en boucle sales. Si Café Mor nous a gratifié de cette gangue de mazout poisseux en nappes épaisses, The Only Place continue sur cette même lignée nauséeuse et instable mais cette fois-ci chargée de saturations et autres échos grésillant. Plus dub, tu crèves ta race. Dans cette transe pesante, le sorcier Harris convoque des sonorités déjà utilisées qu’il recycle et triture à l’envi. La charge de ce colosse sonore reste obstinément statique, en suspension dans un air chargé en particules épaisses, à s’attendre au pire qui ne vient jamais. Les déflagrations et crépitements maintiennent au sol cet amoncellement d’une glaise dans laquelle on s’englue avec une sidération morbide. Comme sur le café Mor, un front man s’invite pour glisser son flow incantatoire entre les rouleaux de barbelés soniques. Là c’est M.C Kool Keith, dont le titre, Distortion, avait déjà été décliné dans un ep avec Mick Harris et Submerged en mars dernier. Et à nouveau on s’étonne que cette symbiose ne soit pas plus récurrente dans le travail de ce SCORN misanthrope…. De l’humain dans la machine » en quelque sorte, et un appel d’air salutaire après ce long infra-trip sur les rives d’un Rubicon asséché.
The Only Place ? Comme un constat lucide qu’il n’y aura pas de… « Plan B » dans un monde qui part inexorablement en sucette ? Mais tant que Mick Harris continue de coller à l’air du temps, l’air de rien, en nous distillant ses odes forcenées sur un thème de vie suburbaine mortifère… Bah alors on s’en fout.
L'Un.
SCORN The Only Place (Ohm/Resistance. 2021)
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