"nobody is interested in your contrition, they are only interested in your admission" E. Robinson
Prétendre écrire sur la musique c'est en gros :
- Epater sa galerie en dénichant des trucs merveilleux à pas piquer des hannetons.
- S’étonner de rester émerveillé à continuer de dénicher des trucs merveilleux
- Chercher un éternel chaînon manquant entre 2 trucs merveilleux
Et quelque part, MAMALEEK réunit ces 3 conditions. Même si on peut sérieusement douter que la galerie en question va se pâmer à l’écoute de ce brulot musical. Que, passé l’émerveillement étonné, la suite risque de virer plombant. Pour la 3° condition, cependant, on sait qu’on tient là la très rare rencontre entre disons, le JESUS LIZARD des grands jours de scène, et un Tom Waits à l'humeur caverneuse. Pas à piquer des vers ça… Une quatrième condition, non dite celle-là, qui se voudrait d’éviter les comparaisons et un name-dropping abusif. Mais c’est peut-être ce foutu étonnement (encore) émerveillé qui neutralise cette capacité à se dépasser dans la rédaction de cette chronique qui commence déjà à tourner en rond. Les gars de MAMALEEK, eux, ne semblent pas connaitre ce problème de limitations, le groupe se réinventant continuellement au fil d’albums cathartiques et exigeants qui explorent les genres et les sous-genres de l’underground (un peu comme les insaisissables HEY COLOSSUS…). Reste que ce dernier album est peut-être le plus abouti et surtout il est.... accessible... pour qui a le cœur à explorer ce microcosme torturé et claustrophobe. Car dès les premiers accords, on sait qu’on s’embarque pour un trip légèrement hors-norme et éprouvant. C’est un rock lourd, tout en circonvolutions avec ses structures alambiquées, qui vous trimballent, vous remuent, mais vous tirent inexorablement vers le bas. Une alternance finement dosée entre élans fulgurants et colère rampante qui n’est pas sans rappeler la patte arty du maintenant mythique label Skin Graft (on pense très fort à COLOSSAMITE…). Un style assez direct et peu d’arrangements : on sent que les compositions ont pour finalité à être recrachées sur scène : car là doit se situer la finalité des gars de MAMALEEK, à chercher la confrontation de tous les instants avec un auditeur déjà mal à l’aise. Et là on pense OXBOW, très fort, avec ces riffs cathartiques qui tournent en rond et s’embrasent pour porter les vitupérations existentielles d’un chanteur qui, à défaut de prendre la scène pour un ring de boxe, se plait à prendre par les couilles son auditoire aviné. Le slip kangourou en moins.
On tient peut-être là un spécimen bien marqué de front-rock expiatoire. Option poids-lourds cagoulés et grands sensibles, loins d’être bas du front.
L'Un.
MAMALEEK : come and see (MilkyClear WithRedSplatter. 2020)
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