lundi 26 avril 2021

drummin' avec Matt EVANS, HIHATS IN TREES et INSTITUTRICE

 

Le « disque de batteur » n’a jamais été une sous-catégorie vraiment reconnue, même si on avait déjà tracé une esquisse de ce que ce genre d’étiquette fictive pouvait recouvrir. La disparition récente de Milford Graves n’est hélas pas à l’origine de ces lignes, mais peut aussi illustrer un genre ouvert dont, quelles que soient les directions prises, le seul dénominateur commun réside dans cet art de la pulsation croisée, que cette dernière soit derrière les baguettes et les fûts ou planquée derrière un écran d’ordi. Une obsession portée sur une polyrythmie au service d’une créativité curieuse ouverte sur le monde vibratoire qui nous enveloppe.

Les topographies (sonores) du newyorkais Matt Evans sont de loin les plus abstraites, donnant à un obscur texte de Brautigan (All watched over by machines of loving grace) une réécriture sonore et rythmique de l’écriture. En le retranscrivant dans divers modes d’expression (morse, braille, écriture au stylo), l’enregistrement de ces pratiques offre à Evans une trame, un canevas rythmique qu’il peut transposer au fil de ses compositions où s’entremêlent digital et analogique en un écheveau de structures liquides aux lignes troubles fuyantes. On oscille perpétuellement entre une électronique foutraque et bricolée et des préoccupations d’une musique plus concrète, qui nous ouvre des horizons sur des lignes de cyber-failles plus apaisantes que dystopiques.

Avec son projet HIHATS IN TREES le belge Lander Gysenlincks a une approche plus physique avec
des compositions au caractère percussif affirmé. La polyrythmie subtile et sans relâche de ces 8 morceaux emprunte les codes de l’electronica pour nous convier à des rituels de transes dyslexiques : ici, avec ses amalgames de textures faits de bois, métal et peaux, c’est l’homme (en l’occurrence le batteur…) qui reprend ses droits et le dessus sur l’habituelle fluidité des machines à rythme. Un groove de bucheron bucolique aussi complexe qu’une canopée en milieu tropical. Disleksikon résonne comme un manifeste pour une écologie ludique de la danse à visage humain.

Qui a déjà participé à une performance de JB, le  batteur espiègle et forcené de PNEU sait par avance que l’engagement physique sera total quel que soit le projet auquel il mettra sa patte (et ses baguettes de bucheron).Cette  INSTITUTRICE là en fera fantasmer plus d’un, rencontre à l’arrache de 2 percussionnistes qui ont assimilé la culture du gamelan en l’associant à de fortes prises d’amphétamines : il faut bien vivre avec son temps. Le panel d’instruments à leur disposition est strictement percussif et souvent agressif : métal plutôt que peau, fracassés, concassés le tout dans un esprit de course poursuite de 2 types réunis qui se donnent la bourre sans trop savoir pourquoi. Un groove post-industriel pas si éloigné des premiers Test Dept tiens…

 

L'Un.

(à noter que l'INSTITUTRICE a aussi été chroniquée par l'Autre la semaine dernière.... )

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