Sometimes I'd like everybody who is stuck, or lost, or
vacant to stay that way and keep silent for as long as it takes, but that's the
critic in me talking. (D. Toop)
En ce qui me concerne, Il y a
toujours eu un malentendu concernant David TOOP, définissant plutôt celui-ci comme
une espèce de théoricien de la musique, un écrivain et journaliste qui
s’adonnerait en dilettante à la pratique de la musique (plus ou moins
improvisée). Mais un simple coup d’œil à sa discographie pousse peut-être à
réviser mes jugements pour le remettre à sa juste place dans ce panthéon des
musiciens dont l’influence rampante est exponentielle : l’orientalisant
"Black Chamber" et sa proposition d’immersion dans le monde infra urbain de "37th Floor at Sunset"…
restent des incontournables dans ma petite discothèque. Méprise initiale qui provient peut-être de ses toutes
premières sorties ("Lost Shadows: In Defence of the Soul (Yanomami
Shamanism, Songs, Ritual, 1978", ou "Lost instrument" en collaboration
avec le défricheur Max Eastley) qui relevaient de l’ethnographie sonore ; ses
excellents bouquins (dont le vertigineux ("Ocean of Sound"…) n’aidant en rien à
lever cette confusion. Dans une veine similaire (fascinante) et sans cesse
renouvelée, Apparition Paintings se présente comme un enchevêtrement de
collages diaphanes qui fait la part belle à des bribes de chansons dont on en
sait vraiment si ce sont là de extraits volés à un passé fantomatique ou des
enregistrements de circonstance... Les voix sont éthérées, souvent naïves,
convoquant les obsessions japonisantes de Toop. Un fil directeur comme un autre
dans cet écheveau kaléidoscopique, avec des accords appuyés de guitare noyés
dans une réverbération tirée au cordeau. Le capharnaüm paisiblement agencé se
fond en transitions subtiles et ouvrent l’espace sonore vers un paysage
onirique gentiment halluciné. Ce bruitisme ludique n’est pas sans rappeler les
collages et le penchant orientaliste de John Zorn. Certes, mais
les petits rituels bricolés de Toop montrent plus de chaleur, moins de raideur
académique, avec ce petit supplément indicible d’âme et de poésie.
L’Un.
David TOOP "Apparition Paintings" (Room40. 2020)
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