"The single most important key to sex that I've yet discovered is conscious rhythmic breathing; the more you breathe the more you feel and the more you come alive. Many of us breathe only enough to survive but not to live fully. Deep breathing is a door to waking up to healing and to more personal freedom" (Annie Sprinkle).
Je n’ai jamais vraiment cherché
à comprendre le truc qui se cache derrière The Hafler Trio. A l’exception de
quelques notables collaborateurs (comme Chris Watson de Cabaret Voltaire ou
Steven Stapleton de NWW), le pivot central de ce projet réside dans la très énigmatique
figure d’Andrew McKenzie. Les concepts sous-jacents de l’œuvre sont assez
obscurs et se réclament de tout un fatras de thèses aux consonances (parfois
pseudo-) scientifiques, sachant aussi se nimber dans une aura
mystico-religieuse encore plus opaque. L’incompréhension reste parfois la
meilleure caution artistique derrière laquelle s’isoler pour tranquillement produire
une musique fermée à jamais aux oreilles profanes. Mais qu’on ne s’y
trompe pas, derrière mes sarcasmes sur ces écrans de fumée en trompe l’œil, l’intention
affichée de ce collectif monocéphale était de se projeter bien au-delà de la
musique, d’aller en interroger sa substance ultime et ses intrications avec le
monde physique.
Dans les années 80’s –
90’s, le faux trio alors au pic de sa forme sortait sa petite kyrielle d’albums
intéressants voire dérangeants, en explorant pas mal de pistes chères aux
musiques expérimentales de l’époque :
cut-up, électroacoustique,
drone…Et dans ce genre inédit
de gnose perverse élaborée pour une phonologie sexuelle exploratoire (et
cosmique), ces deux albums se posent en parfaites références. Pour ma part, je
ne connais que le somptueux Redwing de Lilith qui pourrait s’apparenter aux
présents travaux du Hafler Trio. Penser diptyque,vu la
complémentarité femelle (Masturbatorium) – mâle (Fuck). Le premier est un
support élaboré pour une performance de la post porn-actrice et féministe Annie
Sprinkle. Le mouvement commence par une fréquence isolée, stimulée par une
superposition graduelle d’autres fréquences parasites. Millefeuille évolutif
d’une lenteur toute organique à base de nappes, couches et textures sonores
aussi variées (bruits du corps d’Annie Sprinkle, diverses ondes éthérées…),
Masturbatorium vous prend par la main pour vous entrainer dans une expérience
vibratile paroxystique. 18 minutes pour atteindre l’extase ? c’est un peu
court. Le bien nommé Fuck se passera de
guest-stars et c’est McKenzie
lui-même qui met à contribution sa main dans le slip pour illustrer son propos
mystico-sexuel. D’emblée le climax est dans le rouge avec une figure de
fréquences rythmiques soutenues et respiration syncopée : l’excitation
masculine fonctionne ainsi pour sombrer ensuite dans une bonne trentaine de
minute de narcose en échos rampants, sans fond ni but réel qu’à contempler le
bout de son nombril rassasié.
Si on peut émettre quelques
réserves amusées sur l’efficacité avérée des effets psycho-stimulant de ces
concept-albums un peu rigides, l’expérience qui reste cérébrale et immersive,
peut aussi se vivre au rythme d’une respiration profonde, les yeux fermés sur soi.
L'Un.
The HAFLER TRIO "Masturbatorium" / "Fuck" (Touch. 1991/92)
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