"Il n'y a pas de Dieu. - Non ? - Il n'y a pas de Dieu et nous sommes ses prophètes."
(McCarthy; La Route)
Entrée au cœur de la matière sombre avec cet opus climatique qui suit une ligne d’une continuité à la fois fragile et charnue. A l’instar de Hildur Guðnadóttir, le monde d’Helen Money (a.k.a Alison Chesley dans la vie civile) tourne autour des striations granulées d’un violoncelle aux soliloques amplifiés.
Dans une volonté affirmée de dépassement et d’introspection, l’artiste surmonte posément un deuil déchirant et son corollaire de doutes, d’angoisses et d’interrogations et prend au passage quelques distances avec les musiques metal qui l’avaient jusqu’alors souvent influencée sur les précédents Arriving Angels ou autre Become Zero.
Il y a chez Alison Chesley cette obsession de sculpter le son autour du violoncelle central avec de fines strates d’arrangements complexes (avec du du modulaire, quelques touches de batterie…), sans pour autant perdre de vue la notion de dénuement, thème central de l’album : les cordes, qu’elles soient frottées, jouées au doigt ou sur-amplifiées, restent tangibles. Entre néo-classique, dark-folk ou avant-garde, les palettes aux ambiances cotonneuses se télescopent sur ces onze compos au fil desquelles le rythme s’efface le plus souvent pour la pulsation feutrée, voire de longs drones noyés dans une brume de particules. Cinématique jusqu’au bout dans cette granularité épaisse, Atomic est la bande-son idoine pour un de ces films crépusculaires aux lendemains qui ne chanteront jamais.
L'Un.
Helen Money : "Atomic" (ThrillJockey. 2020)
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