jeudi 19 juin 2014

GODFLESH : "Decline & Fall"



Quelques festivals, un titre orphelin sur un disque flexible (très bon « Fuck of Death ») en guise de perce-oreille l’automne dernier, des effets d’annonces sonnant comme de belles promesses sans cesse ajournées : putain pas qu’un peu qu’ on l’attendait ce nouvel opus, après un hiatus de 13ans ! Depuis leurs dernière colère indignée, des buildings se sont mangés des avions,  les irakiens en ont alors pris plein la gueule quand  d’heureux bénéficiaires anonymes du complexe militaro-industriel s’en mettaient plein les poches par un heureux effet de vases communicants, des révolutions  ont été tuées dans l’œuf, et le paysage suburbain des pays occidentaux ressemble de plus en plus à des zones de friches en déshérence. Terreau idoine au retour tant attendu des messies post-apocalyptique, GODFLESH,  monstre bicéphale de jusqu’au-boutistes, tendance pachydermique. Il est vrai qu’entretemps Justin K. BROADRICK aura pas mal trainé sa guitare boulimique  et son blues post-industriel multipliant les projets et collaborations (JK FLESH, BLOOD of HEROES, WHITE STATIC DEMONS…) comme à son habitude, mais cherchant principalement la repentance et la lumière à l’ombre du colosse de chair avec les prolifiques  JESU et FINAL (plus d’une 20taine d’albums et de EP pour ces deux derniers avatars tout de même…).

Autopsie d’un mythe sur le retour :
- titre parfait pour un retour fidèle à l’angst  godfleshien (et après nous, le déluge…).
- visuel  cheap, hermétique et déshumanisé qui rappelle le graphisme des débuts.
- un format E.P donc ; quatre titres, c’est peu après 13 ans, non, là où, pris au hasard, le dernier FINAL totalisait 3 heures d’écoute, ou que la moindre tranche de JESU peut facilement  atteindre la 20taine de minutes ?  En fait un album est annoncé pour l’automne, « Decline and Fall » n’étant qu’une mise en bouche intermédiaire, un teaser de plus histoire d’exciter un fan-club transi qui se raréfie. Mouaip…
- côté contenu, on prend l’uppercut de super-welter de rigueur à peine après quelques secondes d’écoute :  les choses se calent d’elles-mêmes, slight return monolithique où GODFLESH nous joue du GODFLESH,  lourd, inhumain et nihiliste comme à l’accoutumée : le rouleau compresseur est réactivé. Rien n’a d’ailleurs repoussé entretemps, sinon  la vacuité crue d’un monde en pleine déréliction à enfoncer encore et toujours à coup de basse et guitare sous-accordées au barbelé. Toujours ce son monstrueux et inimitable, entre pulsation et grognement, qu’un rythme martial entraine à contretemps dans ce manque de lumière étouffant  asséné comme une vérité imparable.
Avec  « Decline and Fall », GODFLESH semble reprendre les choses là où les choses étaient restées sur leur dernier (et sous-estimé)  « Hymns », sûr de son efficacité et de son empreinte unique, se dispensant du coup des expérimentations passées, et faisant fi du batteur de leurs dernières aventures, histoire de revenir aux origines d’alors atypiques, et de se concentrer sur ce groove industriel à la sensualité mécanique plombante..  
Quatre titres en acier trempé de bonne facture qui sonnent peut-être trop comme du GODFLESH remis sur ses rails, sans la discordance sourde et rampante des égarements passés. Ça laisse un peu sur sa faim, même si le morceau éponyme avec  structure rythmique complexe et  passages d’accords anguleux semble annoncer un album à venir plus prometteur : en l’attendant on pourra toujours s’improviser une danse de Saint-Guy épileptique à quatre temps mécanisés…


L'Un.


GODFLESH : Decline & Fall (Avalanche. 2014)
La page Bandcamp du label de J.K Broadrick, Avalanche Recordings


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