dimanche 7 janvier 2024

YAEJI : With a Hammer

 

Si vous aimez les triangulations hasardeuses alors pensez BJÖRK (moins boursouflé), CIBBO MATO (moins faussement naïf), Tujiko NORIKO (en plus rythmé) ou Yolandi « ANTWOORD »VISSER ( putasserie et hélium dans la voix en moins). A force de rapprochements, on tient plutôt là un carré de reines. En général pareille superposition de comparaisons douteuses augure une pauvreté créative sans fond et un manque d’inspiration des 2 côtés de la plume du clavier. Mais à accumuler les parallèles de la sorte il se peut que précisément l’OVNI musical et mutant aux formes indéfinissables se situe ailleurs, dans un écosystème intime qui lui est propre. A ressembler à tout et à rien, on est parfois soi-même. Peut-être même que les artistes cités font partie du petit panthéon des influences de la jeune américano-coréenne. Peut-être que non, toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pure coïncidence. Cet album, je ne l’avais pas vraiment vu passer, snobant un artwork peut être trop marqué par la culture manga ( ?). Quoique : YAEJI revient, prête à en découdre. A grands coups de hache (saccadés) dans la production (brillante). Beaucoup de choses à dire après un confinement de plein fouet, sa condition de femme, « d’origine » asiatique qui plus est. Des revendications portées par une voix fluette presque enfantine, conformément à des présupposés codes de la pop asiatique. Les rythmiques appuyées flirtent souvent avec des déflagrations drum & bass profondes ou du trip-hop rêveur. Les morceaux sont souvent tubesques avec de belles plages vaporeuses. L’anglais se mélange sans nuance au coréen (que je n’arrive pas à distinguer du japonais. Eh ben bravo…). Production exemplaire pleine de glitches et de trouvailles (particulièrement sur le traitement des plages vocales), au spectre bien plombé dans les basses, on se rêve à imaginer là le résultat d’un travail nocturne et solitaire en home-studio s’il en est. La musique est fraiche et légère et bien ancrée dans une urbanité post-moderne fantasmée. Pour une idée plus précise, merci de vous référer aux (grandes) artistes citées au début de cette chronique. Quant aux héritiers de Blade Runner, ils n’ont pas à s’inquiéter pour une quelconque relève. La boucle est bouclée dans une introspection sans fin.

 

L'Un.

YAEJI : "With a Hammer" ( XLrecordings. 2023)

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