Si vous aimez les triangulations
hasardeuses alors pensez BJÖRK (moins boursouflé), CIBBO MATO (moins faussement
naïf), Tujiko NORIKO (en plus rythmé) ou Yolandi « ANTWOORD »VISSER (
putasserie et hélium dans la voix en moins). A force de rapprochements, on
tient plutôt là un carré de reines. En général pareille superposition de
comparaisons douteuses augure une pauvreté créative sans fond et un manque
d’inspiration des 2 côtés de la plume du clavier. Mais à accumuler les
parallèles de la sorte il se peut que précisément l’OVNI musical et mutant aux
formes indéfinissables se situe ailleurs, dans un écosystème intime qui lui est
propre. A ressembler à tout et à rien, on est parfois soi-même. Peut-être même
que les artistes cités font partie du petit panthéon des influences de la jeune
américano-coréenne. Peut-être que non, toute ressemblance avec des faits et
des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne
pourrait être que le fruit d'une pure coïncidence. Cet album, je ne l’avais
pas vraiment vu passer, snobant un artwork peut être trop marqué par la culture
manga ( ?). Quoique : YAEJI revient, prête à en découdre. A grands
coups de hache (saccadés) dans la production (brillante). Beaucoup de choses à
dire après un confinement de plein fouet, sa condition de femme, « d’origine »
asiatique qui plus est. Des revendications portées par une voix fluette presque
enfantine, conformément à des présupposés codes de la pop asiatique. Les
rythmiques appuyées flirtent souvent avec des déflagrations drum & bass
profondes ou du trip-hop rêveur. Les morceaux sont souvent tubesques avec de
belles plages vaporeuses. L’anglais se mélange sans nuance au coréen (que je
n’arrive pas à distinguer du japonais. Eh ben bravo…). Production
exemplaire pleine de glitches et de trouvailles (particulièrement sur le
traitement des plages vocales), au spectre bien plombé dans les basses, on se
rêve à imaginer là le résultat d’un travail nocturne et solitaire en
home-studio s’il en est. La musique est fraiche et légère et bien ancrée dans
une urbanité post-moderne fantasmée. Pour une idée plus précise, merci de
vous référer aux (grandes) artistes citées au début de cette chronique. Quant
aux héritiers de Blade Runner, ils n’ont pas à s’inquiéter pour une quelconque relève.
La boucle est bouclée dans une introspection sans fin.
L'Un.
YAEJI : "With a Hammer" ( XLrecordings. 2023)
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