"Comment rendre compte d’un élan mental qui peut emmener au-delà de tous les horizons connus ? Comment rendre compte des bouleversements les plus profonds de l’espace subjectif, par exemple lors d’une rencontre érotique ? Comment naviguer le plus loin possible, pour ouvrir les contrées les plus vastes, selon une extension optimale de la présence ?" (A. Plagnol)
Et Nammu là-dedans ? Collaboration des plus récentes, fruit d’une rencontre avec Ulf Ivarsson, bassiste lui aussi de son état, et bercé au son de Laswell durant sa jeunesse…. Ces deux-là outre un instrument électrique à 4 cordes avaient visiblement pas mal de choses à se dire, même si cet album pourrait presque être un concentré de la biographie de Laswell : quatre longues plages sonores qui délivrent un dub solennel chaleureux dont l’omniprésence enveloppe des excursions maitrisées en terres inconnues ou parallèles. Une touche de free, un soupçon de noise noyé dans un marigot ambient de fausses hésitations louvoyantes aux échos vaguement orientalisant. Certains patterns rythmiques ne sont pas sans rappeler sa période drum n’ bass, d’autres passages invoquent fortement un Last Exit embryonnaire. La production est au cordeau avec la part belle pour des basses à l’amplitude ronde, mais non exemptes de résonances acoustiques. Le projet est éléphantesque, à emprunter les voies d’un jazz cosmique au groove profond. En la compagnie de ces deux adeptes de la transcendance sans retenue, on accomplit un voyage au cœur même de la matière en fusion, un trip psychédélique en tapis volant sans autre drogue que la curiosité d’oreilles avisées. La classe à 2 fois 4 cordes….
L'Un.
Bill LASWELL & Ulf IVARSSON "Nammu" (Ropeadope. 2022)
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