ZU officie généralement dans un territoire aux
frontières poreuses, délimitées par cette (évidente ?) trinité que sont le
jazz, le hardcore et le noise. Ou du moins l’idée qu’ils s’en font, ce trio
italien proche des hollandais the Ex n’hésite pas à transgresser les codes pour aller
taper le jam foutraque ou reprendre des standards (dont Sex Machine ou Iron Man...) en compagnie d’Eugene
Chadbourne. Mais c’est là d’un autre Eugene dont il s’agit : Robinson, le chanteur
du quatuor américain the Oxbow,
stéroïdes au vent et microphone dans le slip kangourou, quand il ne
confond pas la scène avec le ring.
Si left hand path , ou voie de gauche, s’en
réfère au versant obscur de l’occultisme, c’est plutôt la voie ouverte aux dérives encore inexplorées
et inavouées que le groupe emprunte en convoquant mon vieil Eugene et son
érotomanie torturée. La voie est étroite et le trio italien a de ce fait remisé
le set de batterie pour se limiter à une seule basse et de l’électronique
embarquée. Autant voyager léger lorsqu’on ne sait pas vraiment si on se sortira
vraiment vivant de ce sale trip aux ambiances en forme de vignettes poisseuses.
Dans cette rencontre à la croisée des chemins, Eugene Robinson, débarrassé du
format strictement rock, peut déployer à loisir toute sa palette compulsive, de l’imprécation à divers murmures, bruits de
palais et geignements de bête. On joue
là une bande-son de film noir sans fin,
tout en cercles concentriques lents, sinueux et rampants. Musique maudite et crépusculaire, sans voie de rédemption possible. Draps sales délaissés, cendrier plein, la bouteille
vide. Pour ceux que le pressentiment immédiat de ce qui est malsain fascine.
Avec The Left Hand Path, c'est le blues qui ne sonnera plus de la même façon.
« if
you see Robert Johnson, tell him I’m here… »
L'Un.
ZU & Eugene ROBINSON : "The Left Hand Path" (Trost. 2014)
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