L'erreur initiale aura été de vouloir obstinément cantonner le travail de Chris ABRAHAMS à sa collaboration au sein The NECKS, l'album solo précédemment chroniqué dans ces pages ressemblant alors à une petite aventure nocturne du pianiste dans un champ le plus éloigné possible des reptations hypnotiques de son post-jazz trio. En fait, albums solo et collaborations sont multiples, comme autant de facettes d'une œuvre kaléidoscopique qui n'a de cesse d'explorer les limites territoriales de son instrument, quitte à le confronter à quelques mises en abîmes au passage... Cette rencontre avec Alessandro Bosetti, multi-artiste basé à Berlin, est pour le moins déroutante. Superposition ou mise en parallèle d'univers très distincts, les interprètes ne tendent nullement une fusion entre l'instrument analogique et un skronk électronique, à la manière d'Alva Noto & Sakamoto. Là, les errances respectives se cherchent et furètent à la tangente sans jamais se rejoindre, un mode erratique en soliloques parallèles pour seule partition commune.
Etrangeté, comme les arpèges avortés du piano, bercés par une électro-acoustique fantomatique où se perd un chant atonal et décal é (« We Cannot Imagine »).
Luxuriance stérile d'un strumming pianistique confronté à la montée en puissance de bruissements et interférences sinusoidales (« When They Are Overheard »).
Naufrage distant pour notes orphelines égarées et langage morse digital (« We see infancy »). Primitivisme organique de la note unique martelée sans cesse dans un tourbillon de cliquetis sous pression (« We Also Dress Today »).
Dérapage incontrôlé d'une (cyber?) reprise à côté de ses pompes d'un morceau crooner de Bill Evans («Waits for Debby ») .
A défaut de la symbiose attendue, c'est une fragile alchimie des extrêmes opposés qui opère lentement, avec cette assurance modeste d'artisans-défricheurs sûrs de leur bon droit en ce monde de certitudes canoniques éculées.
Et Miles Davis qui doit se retourner dans sa tombe...
L'Un
Chris ABRAHAMS & Alessandro BOSETTI : "we who had left" (Mikroton. 2012)
Etrangeté, comme les arpèges avortés du piano, bercés par une électro-acoustique fantomatique où se perd un chant atonal et décal é (« We Cannot Imagine »).
Luxuriance stérile d'un strumming pianistique confronté à la montée en puissance de bruissements et interférences sinusoidales (« When They Are Overheard »).
Naufrage distant pour notes orphelines égarées et langage morse digital (« We see infancy »). Primitivisme organique de la note unique martelée sans cesse dans un tourbillon de cliquetis sous pression (« We Also Dress Today »).
Dérapage incontrôlé d'une (cyber?) reprise à côté de ses pompes d'un morceau crooner de Bill Evans («Waits for Debby ») .
A défaut de la symbiose attendue, c'est une fragile alchimie des extrêmes opposés qui opère lentement, avec cette assurance modeste d'artisans-défricheurs sûrs de leur bon droit en ce monde de certitudes canoniques éculées.
Et Miles Davis qui doit se retourner dans sa tombe...
L'Un
Chris ABRAHAMS & Alessandro BOSETTI : "we who had left" (Mikroton. 2012)
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