lundi 29 octobre 2012

BLUES EXPLOSION : "Meat & Bones"

Tiens ! Le Blues Explosion du Jon Spencer se reforme et nous sort une galette. Leur teaser balancé sur la toile a su aiguiser les appétits des quadra/quinqua naissants désespérément restés accrochés au mythe tenace du rock n' roll sale et teigneux. Punk's not dead, you're next... Pour ma part cette impression tenace qu'Orange, bande-son révélation de mes années estudiantines est à peine sorti hier. Entre, quelques albums plus ou moins intéressants (j'avoue avoir arrêté avec Now I Got Worry) suivis d'un hiatus de huit ans. Album réunion donc, vrai casse-gueule tant pour nos musiciens aux tempes grisonnantes que pour les chroniqueurs sur le retour (au crâne dégarni) en quête de grain à moudre.  La première question, et la plus vicieuse, étant  de saisir l'intentionalité de nos gaziers : plaisir des retrouvailles ou trivial money talks ? Une première écoute balaie les doutes d'un revers classieux  et gominé : on retrouve le Blues Explosion intact, la même alchimie de power trio mal embouché qui a toujours su allier la crasse de Pussy Galore à la classe d'un Rolling Stones (période Exile, bien sûr), le petit dirty groove en plus. On ne change pas une formule qui gagne.  Du coup s’installe cette impression tenace que le trio réactivé cherche à convoquer de façon trop ouverte les séminales années CryptRecords qui ont forgé la légende : un poil d'Orange, un cheveu de Crypt Style, une larme d'Extra Width (pour le groove sec...) le tout passé au shaker : Boot Cut est à ce titre exemplaire (mais pas moins efficace). Les morceaux se suivent  et ressemblent  parfois trop à un passé lointain. Ah ben oui : on ne change pas une formule qui gagne, l'énergie réelle et la conviction dégagées tout au long de Meat & Bones  se chargeant toutefois de compenser l'absence de cette urgence viscérale des débuts. Plaisir réel aussi, d'entendre un Jon Spencer, voix enragée et tout en harangue, qui en retrouvant ses vieux potes, a su abandonner les tics chevrotants de crooner revivaliste de sa période HEAVY TRASH (un album aurait largement suffit...). Formation resserrée et acérée qui s'en retourne à l'essentiel et qui joue ce qu'elle sait le plus jouer sans se perdre  dans des chemins de traverse ou des expérimentations stériles. Quelques tubes en puissance expédiés à la va-vite comme Black Mold ou Bag of Bones, un jam funkisant (Get your pants off) histoire de calmer le jeu et le tout est presque trop vite torché, emballé... et sous pressé ; et là réside peut-être le vrai bémol, avec ce son cafouilleux et sans relief qui rappelle précisément le génial Extra Width  probablement passé à un poil (de Pussy Galore ?) du statut d’œuvre culte  pour cette même raison. Les papattes de brute de Simmins et le crunchy de la guitare de Bauer méritaient mieux, non ? Ce parti-pris délibéré ( c'est le Jon aux manettes tout de même) d’une éthique garage-rock cheap à tout prix amoindrit le potentiel frontal du groupe, mais on ne doute pas qu’il est encore capable de coller une bonne branlée en concert et de remettre sans ménagements les jeunes et nouveaux prétendants à la place qui leur sied. Sans être un grand JSBx, on tient là un très bon cru, tout simplement ; it’s only rock n’ roll, le reste on s'en fout…

L'Un.


The BLUES EXPLOSION : "Meat & Bones" (Bronzerat. 2012)
le site du JSBx (et du son)

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