Disque de chevets multiples, jamais vraiment redescendu d'ailleurs, d'ici ou d'un ailleurs rêvé. Aucune date de péremption pour rappeler à son bon souvenir un disque intemporel sorti dans l'anonymat confidentiel d'un micro-label, même si la presse d'alors avait repéré l'ovni.
Le duo finlandais de frangins récidivistes (un premier album éponyme difficilement trouvable pendant un temps ) déballe sur le moelleux de son lit d'enfance toute une artillerie d'instruments datés, à la manière de tueurs en série en costume de doux rêveurs : du Fender Rhodes, des Tele/Stratocaster, une basse ou une lap steel, des vieux synthés-boites à rythmes, guitares classiques, un vibraphone, un Mellotron, le Glockenspiel, ou ce vieux kit batterie Slingerland. Douce torture.
Les joutes à 4 mains avec pareil attirail résolument vintage laissent présager en filigranes des sonorités chaudes et granuleuses, qu'un bon vieux 4-pistes analogique en home-recording saura magnifier. Avec un flouté de guingois qui rappelle les Montres Molles de Dali, c'est un tricotage d'arpèges climatiques mêlé à des boucles de ritournelles sabordées qui se développe dans un ralenti comateux. Les éléments rythmiques restent épars et discrets, ne venant en rien casser la douce narcose qui prend place. Tituber, enveloppé dans la luminosité boréale d'une journée qui s'étire et se confond, à contempler de rares percées lumineuses d'un paysage de grands espaces (grisâtres) derrière la fenêtre (poussiéreuse) de son salon (vieillot) dans un vieux fauteuil en cuir (déglingué), un verre (paresseux) dans chaque main. Ce début de 21° siècle est ainsi fait, morose et indécis, certains s'en nourrissant dans leurs intimes retranchements, capables de nous pondre « ça » - de la belle ouvrage.
L'Un
GENTLEMAN LOSERS : "Dustland" (CityCenterOffices. 2009)
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