Derrière JESUS IS MY
SON, ne se cache pas un vieillard barbu perché sur un nuage et outré
de voir sa Création partir en sucette, mais simplement Grégory
DUBY, accompagné de sa guitare seule.
1914 – 1918, titre
emprunté au patrimoine mondial d'une humanité en souffrance, est un
formidable casse-gueule : on sait qu'on risque de s'embarquer dans un
univers chromatique privilégiant toutes les nuances de gris, tandis
que le père du Jésus en question ne s'accorde guère de marge
d'erreur, la ligne rouge du péché d'orgueil n'étant jamais très
loin de la ligne de mire. Pour tout purgatoire n'existe alors que le
grand oubli de la petite histoire ou le flop commercial d'un projet
par trop emphatique. Mais c'est en toute humilité que Grégory DUBY
nous propose une image distante, posée et très personnelle, en
parfait contretemps avec le tumulte de cette Histoire. Pas de fresque
grandiose ou d'atermoiements baroques, mais plutôt une délicate
frise tout en introspection, qui nous fait partager ses doutes.
Grégory DUBY s'appuie sur le vide, la vanité et la désolation
qu'ont laissé l'époque et la folie de ses belligérants derrière
eux, pour poser des notes orphelines avec toute la retenue de celui
qui s'interroge au lieu de chercher à dénoncer.
Musique de tensions
alternant avec le silence et ce qu'il y a, entre, accompagnement
silencieux et absent.
Musique sépulcrale
évitant toute aridité à l'aide d'une production aux tons chauds.
Goût amer de requiem
dans la bouche ; on n'est jamais très loin d'un champ de bataille
possible.
Il y aurait bien eu une
ou deux comparaisons, et très flatteuses, mais on va les taire, afin
de ne pas se gâcher le plaisir d'apprécier une œuvre qui s'élève
bien au dessus de la boue actuelles des musiques retranchées.
Bien après l'écoute du
disque, murmures et résonances discrets planent dans l'espace
environnant. Histoire de se souvenir...
L'Un
JESUS IS MY SON : "1914-1918 " ( FF HHH. 2012)
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