Bon. Cette fois-ci on va pas se
faire chier forcément pousser sur le verbe. On va la faire courte,
ok ? Parce qu’il suffit de réunir un guitariste belge, un burkinabé, griot
de son état, et un batteur (et quelques perçus électroniques saturées)
français. On met tout ça dans un shaker sans trop respecter les dosages et de
secouer fortement. Et paf : tu obtiens ce distillat vibrionnant qui tient
plus de l’alchimie heureuse que de quelconque Musique du Monde savamment collectée. Et c’est
tout aussi facile à étiqueter, la gamme est ouverte : afro-punk, noise-rock
marabouté, hardcore coupé-décalé ; ou free-music, tout simplement.
On peut la faire courte parce que le résultat est bon, tout simplement. Frais,
poignant et inattendu. Mais avec cette impression tenace de toujours avoir
ressenti leur musique tapie au plus profond de soi, entre l’âme et les tripes.
Loin de tout académisme poli ou soigneusement marketé, le background du trio se situe plutôt
dans cette zone d’ombre propice à toutes les expérimentations sans contraintes.
Dès les premières notes de flutes en boucle et des harangues de Kaito WINSE
bercée sur un tapis de polyrythmies au crescendo frénétique, le corps et
l’esprit s’emballent. Fusionnent ou s’effacent. La séance d’autohypnose sera
asynchrone et imprévisible. Peu de temps morts entre les assauts incessants du
trio resserré. Juste de quoi se caler sur la syncope suivante. Ouais, on va la
faire courte : il y a des liens qui se tissent sur cette topographie exot-son-ique
en dents de scie. Tout du moins un parallèle évident avec les aventures de THE
EX & Getachew MEKURIA) dans la corne de l’Afrique. Mais un parallèle
seulement, le chemin emprunté par AVALANCHE KAITO est plus à l’ouest du
continent, jamais très éloigné des terres vaudous, ses rituels secrets, transes
initiatiques et autres transcendances noyées dans les larsens. Un peu ce qu’on
attendait (enfin) de cette world-music engluée dans ses communions
lénifiantes : un maelstrom anguleux où ça ferraille dur ; dernier
potlatch avant la fin des temps…
L'Un.
AVALANCHE KAITO "Talitakum'" (Glitterbeat. 2024)