"Ce qui empêche l'homme d'accéder au bonheur ne relève pas de sa nature, mais des artifices de la civilisation." (C. Levi-Strauss)
As If. Comme si….
Plutôt habituée à distiller une électronique d’effacement, cet album est plus assertif, direct. C’est dans des brassées de câbles de synthé modulaire que l’artiste s’essaie non à reproduire cet environnement mais plutôt à établir un parallèle analogique. Comme le pendant fictif de cette réalité sonore foisonnante et insaisissable. As If insuffle dans ses compositions une part de cet imaginaire luxuriant pour rendre l’expérience d’écoute attentive plus tangible. Mais au-delà de l’apparente évidence de cet exercice de mimétisme électronique, un univers sonore autonome se développe lentement morceau après morceau. Forme et fond resserrées : on voit presque les manipulations et modulations opérées sur le synthé. Le son prend parfois une forme humide voir liquide. Bruissante, ou nichée dans des fréquences insectiles. Au fil des morceaux, une certaine abstraction prend le dessus, et le parallèle de départ s’estompe pour atteindre un état de stase cerné par les échos fantomatiques de la machine.
C’est chouette de constater qu’on peut encore s’émerveiller à écouter l’enchantement du monde ; de ce côté-ci ou de l’autre côté du miroir sans tain...
L'Un.
Miki YUI : "As if" (HallowedGround. 2024).
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